Mer et littoral

En tant qu'observateur et cartographe de l'anthropocène, l'IGN a fait de l'érosion des côtes l'un de ses principaux sujets d'étude. Pour détecter les changements dans les territoires touchés par ce phénomène, il mobilise des outils de surveillance de plus en plus pointus. Cela lui permet de fournir des données d’appui aux politiques publiques dans le champ de l’aménagement du territoire et de la préservation des littoraux.

Comment mesure-t-on le niveau de la mer ?

L’IGN a en charge le marégraphe de Marseille, bâtiment historique installé sur la corniche de Marseille depuis 1885 qui a pour fonction de mesurer le niveau de la mer. Sur le long terme, il permet entre autres une meilleure compréhension des processus engendrant les variations de son niveau moyen, ainsi que l'étude de l'influence de la marée sur les écosystèmes littoraux.

Des référentiels pour améliorer la connaissance et le suivi des espaces littoraux, en appui aux politiques publiques

En collaboration avec d’autres acteurs institutionnels, l’IGN contribue à l’élaboration de bases de données d’observation du littoral, pour apporter aux décideurs des éléments de connaissance fiables et précis. 

Si la Limite terre-mer constitue la donnée « socle » permettant d’approcher finement la limite entre la terre et la mer, d’autres données apportent des éléments d’analyse pour interpréter au mieux l’évolution du trait de côte. 

L’Ortho-littorale, constituée de photographies aériennes lors des grandes marées, couvre au maximum l’estran, rarement visible à découvert. Elle est utile à plusieurs partenaires comme le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) qui produit l’indicateur national de l’érosion côtière. 

Litto3D®, modèle numérique de terrain terre-mer produit par l’IGN et le Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom), est utilisé notamment dans des modèles numériques de simulation (sédimentologie, submersion marine, inondations...). Il contribue ainsi à une meilleure compréhension des phénomènes responsables du recul du trait de côte.

Limite Terre-Mer - Géoportail

Sur le terrain

Érosion : le littoral aquitain sous haute surveillance

Le rivage aquitain fait l’objet d’une surveillance accrue depuis son recul à la suite des tempêtes de l’hiver 2014. Sous la houlette de l’Observatoire de la côte aquitaine (OCA), l’IGN assure chaque année une prise de vue aérienne et une acquisition LiDAR HD de plus de 350 kilomètres de côtes. Cette étude fournit une modélisation homogène du littoral et assure le suivi des phénomènes d’érosion et d’accrétion côtières.

Des données et des outils d’observation du littoral accessibles à tous

Le portail public « remonterletemps.ign.fr » ou la nouvelle application cartographique pour mobiles « Cartes IGN » permettent de comprendre l’évolution du territoire et d’observer l'évolution du trait de côte sur les littoraux bretons et aquitains depuis les années 1950. Le phénomène d’érosion des côtes peut donc être mesuré depuis plusieurs décennies grâce à la richesse des fonds cartographiques de l’IGN.

Chatelaillon-Plage dans les années 1950-1960 et aujourd'hui (remonterletemps.ign.fr)

Mers et littoraux, des objets de recherche pour l'IGN

La gravimétrie : une vigie de la terre et de ses océans

Si le recul du trait de côte est indéniable sur notre littoral, ce n’est pas le cas partout, en effet l’évolution du trait de côte est inversée au Groenland. Une conséquence du rebond post-glaciaire qui engendre aujourd'hui un relèvement du sol en réponse à la dernière grande période glaciaire et à la fonte des calottes glaciaires actuelle. 
Ces observations sont obtenues grâce à différentes méthodes d’observation, principalement spatiales, telles que la géodésie spatiale, l’altimétrie satellitaire ou la gravimétrie spatiale. Combiner ces observations nous permet d'estimer l'ampleur de la fonte actuelle des calottes polaires, on constate ainsi l’augmentation du niveau de la mer global. 
Ce travail se fait aussi dans le cadre de la construction du repère international de référence terrestre (ITRF) dont l’IGN à la responsabilité. Ce repère indispensable pour se positionner dans notre quotidien, permet également de suivre précisément de l’impact du changement climatique aujourd’hui, en particulier pour l’observation des variations du niveau des mers par altimétrie satellitaire.
Le suivi du niveau des mers et de la fonte des glaces actuelle est un enjeu scientifique et sociétal, important pour évaluer comment le changement climatique global impactera nos vies futures. 

Université de Paris-Cité, Institut de Physique du Globe de Paris, IGN, équipe de Géodésie

Comment peser les océans... depuis l'espace !

Mesurer et comprendre comment les masses d’eau se déplacent à la surface de la Terre sont essentiels pour la gestion des ressources en eau et également anticiper les séismes. Pour cela, l'IGN et l'Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP) utilisent des données de gravimétrie satellitaire qui permettent de « peser » l’océan, les glaciers, les lacs ou encore l’eau souterraine. L’IGN-IPGP s’intéressent également à la réponse de la Terre solide causée par ces mouvements d’eau qui, un peu comme un trampoline, se déforme sous l’effet des variations des masses d’eau à sa surface. 
Ce domaine, l’hydrogéodésie, présente des enjeux sociétaux importants de gestion des ressources en eau. Par exemple, nous développons des méthodes pour suivre l’évolution des stocks d’eau sous-terraines sans avoir recourt à des mesures de terrain, souvent difficiles et couteuses, mais uniquement à partir de la déformation du sol mesurée par satellite. De plus, développer des méthodes de plus en plus précises pour « peser » les masses d’eau depuis l’espace permet par exemple de suivre l’évolution des glaciers et calottes, paramètre clé des modèles de prédictions du changement climatique. 

Université de Paris-Cité, Institut de Physique du Globe de Paris, IGN, équipe de Géodésie

Mis à jour 07/10/2024